Faites-vous partie des personnes qui disent oui quand elles voudraient dire non ? Comment vous sentez-vous alors, quand vous vous soumettez aux désirs des autres et que vous n’agissez pas en cohérence avec vos propres besoins ? Pour comprendre pourquoi il est si difficile de dire non et quelle démarche adopter pour refuser respectueusement la demande de vos interlocuteurs lisez la suite…  

Pourquoi dire non est difficile

  La réponse est simple : nous ne voulons pas déplaire aux autres.   Nous avons tout un tas de peurs : peur d’être mal vu, d’être jugé comme un être égoïste ou insensible, peur des conséquences de ce refus. Peur de faire de la peine, de vexer la personne ou de la décevoir. Peur de déclencher un conflit et de compliquer une relation. Peur de l’autorité aussi dans des relations hiérarchiques. Peur du rejet… En bref, il nous est dur de dire non car nous craignons de perdre la considération et l’affection de notre interlocuteur. De bonnes raisons pour ne rien changer et continuer d’accepter ce qui ne nous convient pas, n’est-ce pas ? C’est en effet la voie de la facilité et la solution qui génère le moins de stress à court terme : nous acceptons et ne nous respectons pas, mais nous faisons plaisir à notre interlocuteur. A l’extérieur, tout est parfait, nous passons pour de gentilles et généreuses personnes…  

Quand on dit oui alors qu’on veut dire non…

  Par contre, à l’intérieur surgissent culpabilité, anxiété, remords, sentiment de faiblesse, parfois tristesse ou honte, de la colère aussi… Notre estime de nous est au plus bas : nous n’avons pas du tout respecté nos besoins ! Nous nous sommes fait passer après l’autre, une fois de plus. Pourtant, lorsque nous étions enfants, nous avons tous été des champions du non, du refus, de la désobéissance (regardez autour de vous comme il est simple pour un enfant de dire non !). Nous avions nous aussi cette capacité. Malheureusement, nous l’avons abandonnée petit à petit pour nous faire aimer des autres. Nous avons appris à troquer notre propre intégrité contre de l’amour conditionnel. Aujourd’hui nous pouvons déprogrammer ce comportement négatif et retrouver cette compétence pour agir enfin en cohérence avec nous-mêmes. Ainsi, nous nous mettrons à prendre soin de nos besoins, à nous respecter et nous faire respecter en exprimant ce qui est bon pour nous. En nous affirmant calmement, nous gagnerons en confiance en nous à chaque fois davantage et nos relations avec les autres s’en trouveront plus authentiques. Alors, on essaie ?
« Etre libre, c’est savoir dire non. » Jean-Paul Sartre
 

Je m’en sors : j’apprends à dire non 

  Deux points essentiels à avoir toujours en tête avant de refuser :
  • A quoi dites-vous oui quand vous dites non ?
Vous dites oui à vos besoins, à ce qui compte le plus pour vous, à vos priorités, à une gestion saine de votre temps et de vos relations. En somme, vous vous dites oui à vous-même ! C’est votre droit le plus légitime. Vous n’avez pas à vous justifier pour cela. Cela ne fait pas de vous quelqu’un d’égoïste : vous agissez en personne responsable qui respecte ses besoins. Qui pourrait vous en vouloir pour ça ?
  • Vous rejetez la demande, pas la personne.
En disant non, vous ne rejetez pas votre interlocuteur, mais sa demande ou proposition. Cette confusion courante peut venir du fait que lorsqu’on vous dit non à vous, vous pouvez vous sentir rejeté en tant que personne. Faire la distinction entre les deux et ne pas identifier le refus d’une situation au rejet d’une personne vous aidera à déculpabiliser la prochaine fois que vous direz non à quelqu’un. Entrons maintenant dans le vif du sujet.  

Comment dire non concrètement ?

  Vous avez compris que vos besoins sont aussi importants que ceux de votre interlocuteur. Il s’agit maintenant d’agir dans le respect des besoins des deux parties. Attitude à développer :
  • Parler posément
  • Regarder votre interlocuteur dans les yeux
  • Vous tenir droit et relâché
  • Respirer calmement
Etapes à suivre : 1) Ecouter votre interlocuteur jusqu’au bout en tentant de comprendre son besoin. 2) Vous écouter, vous : la demande est-elle acceptable pour vous ou pas ? Prenez le temps de ressentir si vous avez envie d’accepter ou refuser. Votre ressenti est votre meilleur guide pour ça. 3) Si vous devez refuser, commencer par reformuler ce que vous avez compris du besoin de la personne. « Je vois que tu cherches une aide pour finir ton dossier… » ; « Je comprends que tu aies besoin d’argent en ce moment… » ; « Je te remercie pour ton invitation… » 4) Puis poursuivez en refusant simplement : « … mais là, je vais devoir te dire non, car je ne peux pas », ou « Non, ce n’est pas possible pour moi. » C’est tout. Pas d’explication, pas de justification, pas d’excuse. De la clarté et de la concision. 5) Si vous sentez la personne contrariée, vous pouvez lui proposer une alternative : « T’aider avec ton dossier maintenant, ce n’est pas possible pour moi, par contre, demain matin, je peux me rendre disponible pour t’aider à le terminer. » « Je ne peux pas te prêter d’argent et je ne souhaite de toutes façons pas le faire pour ne pas mettre à mal notre amitié. En revanche, je peux t’aider à trouver d’autres solutions pour que tu réussisses à obtenir l’argent dont tu as besoin ». « Nous voir ce samedi, ce n’est pas possible pour moi, par contre, si tu pouvais décaler à samedi prochain, ça nous permettrait de nous voir car je serai alors disponible. » Les alternatives que vous pouvez proposer peuvent porter sur certains aspects de la demande : le moment, le lieu, le contexte, les personnes…
« Il y a des manières de refuser qui font perdre au refus ce qu’il a de dur et d’offensant. » Abbé Antoine Prévost
 

Gérer quelques difficultés courantes

 
  • Vous ne savez pas quoi répondre :
 Si vous ne savez pas sur le moment s’il vous est préférable de dire oui ou non, différez simplement votre réponse en demandant un délai à votre interlocuteur. « Ecoute, je ne peux pas te répondre tout de suite, j’ai besoin d’y réfléchir. Je reviens vers toi très rapidement pour te répondre. » Isolez-vous et prenez le temps de sentir ce qui vous convient. Une fois sûr de votre réponse, retournez discuter avec la personne pour lui faire part de votre réponse, quelle qu’elle soit.
  • Votre interlocuteur insiste :
Au cas où la personne en face de vous insistait pour que vous accédiez à sa demande, tenez bon et répétez votre refus en répétant non sur non : « Non je ne peux pas… Non… Non, ce n’est pas possible… Non… Non… », sur différentes tonalités, comme si vous aviez mis un disque rayé. Puis écourtez la conversation et partez ! Ne vous laissez surtout pas déstabiliser ou influencer par l’insistance de votre interlocuteur qui cherche maintenant à vous manipuler (culpabilisation, chantage affectif…). Vous n’avez pas à vous sacrifier ou à aller contre votre volonté pour assouvir les désirs des autres.
  • Vous avez dit oui trop vite :
Si vous avez dit oui trop vite… Et bien, vous avez toujours le droit de revenir sur votre décision ! L’erreur est humaine après tout. Expliquez le plus simplement et honnêtement possible votre revirement à votre interlocuteur. « Tout à l’heure je t’ai dit oui pour te dépanner et garder ton chat ce week-end. Et depuis je me sens mal à l’aise, il y a un truc qui coince en moi : tu vois, j’ai voulu t’aider mais je viens de comprendre que je ne me suis pas respecté sur ce coup-là et je souhaite te faire part de mon changement de décision. Je suis désolé. Aurais-tu dans ton entourage quelqu’un d’autre qui pourrait s’occuper de Félix ? » N’oubliez pas de finir sur une alternative pour laisser le champ ouvert aux possibilités d’autres solutions… ne passant pas par vous. 😉
  • Vous n’avez pas confiance en vous :
Vous pouvez commencer par vous entrainer à dire non sur de petites choses, qui n’ont que très peu d’enjeu. Par exemple, la prochaine fois qu’on vous tend un prospectus promotionnel dans la rue, souriez, faites non de la tête et dites tout simplement : « Non merci » en poursuivant votre chemin. Idem si une vendeuse vous sollicite dans un magasin pour vous faire l’article de ses supers produits en promotion. Un « non merci » ferme et poli avec un grand sourire suffira à poser respectueusement vos limites.  

En conclusion

  C’est notamment en vous entrainant à dire non de façon adéquate le plus souvent possible que vous allez réussir à vous affirmer toujours plus et à prendre davantage confiance en vous. Vous pouvez vous féliciter pour chaque petite victoire remportée sur vos peurs. Soyez fiers de chacune de vos réussites en termes de respect de vous-même !  

Quelques livres pour aller plus loin :